Numéro 2019_01

Oméga 3 : en climat tempéré, pas si bien que ça !

Il y a une trentaine d’années, des épidémiologistes québécois sont allés enquêter chez les Inuits pour comprendre pourquoi leur état cardiovasculaire restait bon malgré leurs conditions de vie particulièrement difficiles.
Ils ont analysé leurs habitudes alimentaires et ont constaté que leur nourriture, à base de poissons et de viande de phoques (mammifères marins ne mangeant que du poisson), contenait une énorme quantité de graisse de type « oméga 3 ». Ils ont observé aussi que les jeunes Inuits, préférant les hamburgers (pauvres en oméga 3) et délaissant les plats de poissons, avaient un état cardio-vasculaire médiocre comparé à celui de leurs ainés. Ils en ont conclu qu’une alimentation très riche en oméga 3 protégeait le cœur et les vaisseaux.
L’industrie agro-alimentaire a vite retenu le message et commercialisé massivement dans des pays à climat plus tempéré des huiles et aliments enrichis en oméga 3, promettant aux consommateurs de gros bénéfices pour leur santé.
Pendant les décennies qui ont suivi l’apparition de cette nouvelle mode, de nombreuses études mobilisant des grandes cohortes de volontaires pendant des dizaines d’années ont été organisées dans les pays développés pour confirmer ces bénéfices supposés et évaluer leur ampleur.
Prises une par une, ces études ont des résultats contradictoires : certaines obtiennent un résultat plutôt favorable, d’autres un résultat plutôt défavorable. En regroupant les données de toutes ces études (« méta-analyse »), les spécialistes de ce type de calcul constatent que, dans les pays développés à climat tempéré, les aliments enrichis en oméga 3 n’apportent pas de protection cardio-vasculaire particulière.
En pratique, un peu d’oméga 3 noyé dans une alimentation aussi riche que celle des pays développés ne réduit pas la mortalité par accident cardiaque.

Source : Abdelhamid AS et al. Polyunsaturated fatty acids for the primary and secondary prevention of cardiovascular disease.
Cochrane Database Syst Rev. 2018 Jul 18;7:CD012345. doi: 10.1002/14651858.CD012345.pub2

Common cold

Aimez-vous ce numéro ?

Pas encore de vote pour ce numéro